Au Zimbabwe, le leader de l’opposition rejette la victoire du président Mnangagwa

(Agence Ecofin) - Candidat malheureux encore une fois face au président sortant réélu, l’opposant Nelson Chamisa rejette les résultats de la commission électorale du Zimbabwe, faussés selon lui. Les observateurs internationaux avaient, eux, pointé du doigt des irrégularités.

L’opposant Nelson Chamisa (photo), leader de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), premier parti d’opposition au Zimbabwe, rejette les résultats de la présidentielle de 2023.

Chamisa a qualifié ces résultats de « fraude et de vol » sur les réseaux sociaux avant de crier victoire lors d’une conférence de presse à Harare.

« Il est clair que nous rejetons le résultat de l’élection que nous considérons comme une mascarade. La commission électorale, la ZEC, a malheureusement une fois de plus failli à son mandat constitutionnel, en n’annonçant pas des résultats corrects et exacts ! »

D’après les résultats, annoncés tard dans la soirée du samedi 26 août, par la commission électorale du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, président sortant et candidat de la ZANU-PF, parti au pouvoir depuis les indépendances, a obtenu 52,6% des suffrages exprimés. Son rival, Chamisa, n’a obtenu que 44% des voix. 

Victorieux, le président sortant Emmerson Mnangagwa a mis au défi les contestataires de saisir la justice, selon ce qu’ont rapporté des médias. Le Zimbabwe est une « démocratie mature », a-t-il rétorqué.

Cette remise en cause du scrutin par le candidat de la CCC, intervient dans un contexte de remise en cause générale du processus électoral. En effet, vendredi 25 août, au lendemain du scrutin, les observateurs internationaux et régionaux ont unanimement signalé des irrégularités ayant entaché le bon déroulement du processus électoral. 

Le chef de la mission d’observation de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), Nevers Mumba, avait pointé du doigt des aspects du scrutin « non conformes ». Jeudi 24 août, les USA ont appelé à la libération d’au moins 39 observateurs électoraux issus de la société civile, arrêtées par la police.

Pour rappel, les Zimbabwéens se sont rendus aux urnes mercredi 23 août, pour élire un nouveau président ainsi que leurs députés et sénateurs. Cependant, le vote avait dû être prolongé à jeudi 24 août, par les autorités politiques, en raison de dysfonctionnements et de retards dans des localités.

Emmerson Mnangagwa, 80 ans et qui brigue un second mandat, a remporté la présidentielle de 2018, de justesse, à la suite du coup d'État qui a renversé l’ancien président Robert Mugabe, mettant fin à un règne sans partage de 37 ans. Consécutivement à la contestation des résultats par l’opposant Nelson Chamisa, les manifestations violemment réprimées avaient causé 6 pertes en vies humaines.

Victoria Sedji