(Agence Ecofin) - La lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale se déroule dans un cadre régi par les Nations Unies à l’occasion des Conférences des Parties (COP). Pour cette 30e édition qui se tiendra au Brésil en novembre, les autorités locales mettent les bouchées doubles pour marquer l’histoire.
Il n’est pas sûr que cet appel trouve un écho favorable dans les rangs des délégations des pays développés. Il est certain, en revanche, qu’il a le mérite de mettre le doigt sur un sujet éminemment sensible.
Dans une lettre relayée par Reuters ce jeudi 8 mai, la présidence brésilienne de la COP30 a plaidé pour la mise sur pied d’un nouveau cadre global pour assurer le respect des engagements climatiques déjà existants.
Alors que ce sommet aura lieu à Belém du 10 au 21 novembre prochains et que les espoirs que les négociations aboutissent à de nouveaux objectifs ambitieux sont grands, les autorités brésiliennes soulignent d’abord la nécessité de parvenir à la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris.
Si cette entente « historique » vise à limiter le réchauffement à 2 °C, voire 1,5 °C, par rapport au niveau préindustriel, les experts du GIEC et les organisations de la société civile soulignent que les efforts restent insuffisants en raison de l’absence d’un instrument international juridiquement contraignant.
En effet, cet accord repose actuellement sur un principe de volontariat en vertu duquel chaque pays doit définir ses propres objectifs climatiques (Contributions déterminées au niveau national-CDN). Par ailleurs, son cadre de mise en œuvre ne fixe pas de quotas de réduction par pays et ne prévoit pas de sanctions pour les pays qui ne respectent pas leurs objectifs, bien qu’il exige que ces objectifs soient mis à jour tous les 5 ans avec plus d’ambitions.
« La CCNUCC [Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui encadre les négociations climatiques internationales, NDLR] et l'Accord de Paris n'ont ni la force ni le mandat nécessaires pour faire avancer les choses, c'est pourquoi nous proposons de réexaminer la manière dont nous pouvons renforcer institutionnellement la mise en œuvre », a déclaré le diplomate brésilien André Correa do Lago (photo), président de la COP30.
« Les débats à l'Assemblée générale des Nations unies pourraient explorer des approches innovantes en matière de gouvernance afin de doter la coopération internationale de capacités permettant un partage rapide des données, des connaissances et des informations, ainsi que de tirer parti des réseaux, d'agréger les efforts et de coordonner les ressources, les processus, les mécanismes et les acteurs au sein et en dehors des Nations unies », plaide la présidence de la COP30.
En attendant la révolution...
Si la proposition brésilienne ne manque pas d’ambitions, plusieurs observateurs indiquent que l’enjeu pourrait être ailleurs dans un contexte où le président Donald Trump a retiré les USA pour la seconde fois de l’Accord de Paris dans le cadre d’une politique qui favorise plus que jamais la production de combustibles fossiles.
Certains estiment qu’une tâche salutaire serait déjà de raviver la mobilisation collective contre le changement climatique en mettant la pression sur les négociateurs qui seront présents alors que l’anniversaire des 10 ans de l’Accord de Paris s’annonce sans éclat.
Espoir Olodo
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