Contexte
Le président américain Donald Trump a récemment annoncé une nouvelle politique tarifaire agressive visant l’ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis. Celle-ci inclut un tarif de base de 10 % appliqué à la plupart des pays africains, accompagné de tarifs plus élevés pour certains pays spécifiques, en fonction de leurs barrières commerciales perçues.
Présentés comme des mesures de « sécurité économique », ces tarifs visent officiellement à protéger l’industrie américaine. Mais pour beaucoup d’économies africaines, cette décision représente un recul stratégique, voire une menace directe pour des secteurs clés de leur économie.
Le rapport de Donald Trump avec l’Afrique : entre négligence et mépris
Depuis son arrivée sur la scène politique, Donald Trump s’est montré peu intéressé par l’Afrique. Lors de son précédent mandat, il n’a effectué aucune visite officielle sur le continent, rompant avec la tradition de ses prédécesseurs.
Ses propos controversés en 2018 — dans lesquels il aurait qualifié certains pays africains de « pays de merde » (shithole countries) — ont profondément choqué les dirigeants africains et la diaspora. Bien qu’il ait démenti ces propos, plusieurs sources les ont confirmés.
Sur le plan commercial, Trump a souvent préféré des accords bilatéraux aux partenariats multilatéraux, mettant à mal l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui permettait à plusieurs pays africains d’exporter vers les États-Unis sans droits de douane.
Quels pays africains sont touchés ?
Les principales économies du continent figurent sur la liste :
Afrique du Sud
Nigeria
Côte d’Ivoire
Ghana
Kenya
Cameroun
Lesotho, Madagascar et bien d’autres pays à travers le continent
Même des pays historiquement proches des États-Unis sur le plan diplomatique ou commercial ont été inclus, créant un sentiment de trahison chez certains dirigeants.
Quels secteurs africains seront les plus affectés ?
Textile et habillement : Des pays comme le Kenya, l’Éthiopie et le Lesotho ont développé des zones industrielles tournées vers l’exportation textile. Avec des tarifs pouvant atteindre 50 %, les commandes américaines pourraient s’effondrer, mettant en péril des milliers d’emplois locaux.
Agro-industrie : Le cacao, le café, le thé et d’autres produits agricoles transformés représentent des piliers économiques pour des pays comme :
Côte d’Ivoire : leader mondial du cacao
Ghana : acteur majeur du cacao et du café
Cameroun et Ouganda : importants producteurs de café
Kenya : grand exportateur de thé
Une perte d’accès préférentiel au marché américain pourrait affaiblir la compétitivité de ces produits et réduire les recettes d’exportation.
Industries technologiques et manufacturières : Certains pays, notamment l’Afrique du Sud et le Maroc, ont investi dans la production automobile et électronique. Des tarifs élevés, comme les 30 % imposés à l’Afrique du Sud, risquent de freiner les exportations et décourager les investissements directs étrangers.
Réactions sur le continent
Les réactions ont été vives :
La Commission de l’Union africaine a appelé à une réponse collective et à une réévaluation des partenariats économiques avec les grandes puissances.
Des économistes africains dénoncent une décision « unilatérale et injuste » qui risque de fragiliser les économies africaines déjà vulnérables.
Des ONG locales alertent sur un risque de pertes d’emplois, en particulier dans les filières agricoles et textiles.
Une opportunité déguisée ?
Certains analystes considèrent cependant cette situation comme un réveil nécessaire pour l’Afrique.
« Plutôt que de dépendre des conditions commerciales imposées par d’autres, nous devons renforcer le commerce intra-africain, localiser nos chaînes de valeur, et créer des alliances régionales solides. »
— Aïssatou Diarra, analyste en commerce international à Dakar.
C’est aussi l’occasion d’accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à stimuler les échanges entre pays africains.
Et maintenant ?
Les gouvernements africains sont désormais confrontés à plusieurs priorités :
Négocier des exemptions ciblées avec les États-Unis ou via l’OMC
Diversifier leurs partenaires commerciaux, en se tournant vers l’Asie, le Moyen-Orient ou l’Amérique latine
Investir dans les capacités de transformation locale, afin de limiter la dépendance aux marchés extérieurs
Encourager la consommation du Made in Africa, via des politiques incitatives et des campagnes de sensibilisation
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