«Inadmissible» : le gouvernement alerte l’Arcom à propos de SkinnyTok, la tendance TikTok qui promeut la maigreur extrême

SOURCE | 1 month ago


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À coups de phrases culpabilisantes et de conseils dangereux, des créatrices de contenu prônent la minceur absolue sur l’application vidéo. Cette tendance à laquelle les ados sont exposés inquiète les professionnels de santé.

« Arrête de te récompenser avec de la nourriture. Tu n’es pas un chien», « tu n’es pas moche, tu es juste grosse », « si tu ne sais pas contrôler ce que tu mets dans ta bouche, que penses-tu pouvoir contrôler ? ». Violentes et culpabilisantes, voici le genre de phrases qu’on peut retrouver dans des milliers de vidéos compilées sous le hashtag #Skinnytok sur TikTok. Sur le réseau social le plus utilisé par les 18-24 ans, de nombreuses influenceuses assènent leurs abonnés de prétendus conseils pour perdre du poids avant l’arrivée de l’été. Ces créatrices de contenu, surtout Américaines, n’hésitent pas à rappeler les échéances : « l’été c’est dans trois mois et tu veux encore te cacher à la plage?».

Cumulant des centaines de milliers de vues, ces vidéos envahissent la plateforme. « Tout ce qui prône l’anorexie  est très grave. On a énormément de décès à cause de cette maladie. Ces personnes ne se rendent pas compte » déplore Alexandra Murcier, diététicienne et nutritionniste spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire. Vendredi, la ministre déléguée au Numérique et à l’IA Clara Chappaz a annoncé avoir «saisi l’Arcom et la Commission européenne», autorités de contrôle de TikTok en Europe, face à cette tendance «inacceptable». «Le numérique n’est pas l’ennemi, bien au contraire. Mais ma priorité, c’est d’en faire un allié — jamais un risque», déclare-t-elle.

Des techniques qui ne font qu’exacerber les troubles

Si ces vidéos se veulent motivantes, elles encouragent surtout des comportements jugés dangereux par les professionnels de santé craignant l’accentuation de troubles comme l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie. « Ces vidéos laissent penser que ces personnes sont expertes, ce qui n’est pas le cas » ajoute Alexandra Murcier. « Mes patients viennent principalement me voir car ils veulent perdre du poids. Souvent, ils ont essayé plein de choses, dont des techniques drastiques qui ne fonctionnent pas et qui ne font qu’exacerber leurs troubles » explique-t-elle. « Un accompagnement de qualité ne verse jamais dans l’injonction ».

L’injonction à adopter des méthodes de perte de poids drastiques est pourtant monnaie courante dans les vidéos du #Skinnytok. Avec des phrases comme « si ton ventre gargouille, c’est qu’il te remercie pour tes efforts », « essaye de te coucher en ayant toujours faim » ou en reprenant la phrase de Kate Moss « rien n’a aussi bon goût que la sensation d’être mince », certaines recommandent de se priver, voire même de s’affamer.

Pour Alexandra Murcier, au-delà de cette tendance, c’est la plateforme elle-même qui encourage ce type de contenu. « C’est sensationnaliste. Ça génère des vues, alors ça plaît à l’algorithme. Il y a déjà eu d’autres challenges dangereux avant, comme le défi d’être suffisamment mince pour ne pas avoir les cuisses qui se touchent ».

TikTok reposant uniquement sur du contenu vidéo, la place de l’apparence prend une ampleur d’autant plus grande sur ce réseau social que sur d’autres plateformes. « Les jeunes ne sont quasiment qu’entre eux sur TikTok. Sur Facebook  et Instagram,  on retrouve des personnes plus âgées sur qui ce type de contenu extrême fonctionne moins bien que sur les ados », ajoute la nutritionniste.

Ces vidéos visent surtout un public féminin, déjà beaucoup plus fortement sujet aux troubles du comportement alimentaire que leurs homologues masculins. « Il y a une surreprésentation des femmes dans les personnes atteintes de ces troubles », confirme Alexandra Murcier dont la majorité de ses patients sont des femmes entre 20 et 25 ans.

« On sort de l’inclusivité pour retomber dans l’objectif du corps parfait »

Si les années 2000 étaient celles des top models filiformes et de la maigreur comme norme de beauté, le récent mouvement «body positive» encourageait chacune à s’accepter en se détachant de la grossophobie. « Je regrette qu’on revienne à cette mode. On sort de l’inclusivité pour retomber dans l’objectif du corps parfait, inatteignable » constate Alexandra Murcier.

La tendance SkinnyTok pourrait faire l’objet de discussions lors de la commission d’enquête consacrée aux effets de TikTok sur la santé mentale des utilisateurs mineurs, qui a été lancée le mois dernier. Composée de trente députés et présidée par le député socialiste Arthur Delaporte, celle-ci disposera de six mois pour enquêter sur cette thématique. Un peu plus tôt, plusieurs familles avaient assigné le réseau social en justice, lui reprochant d’avoir recommandé à des mineurs des vidéos promouvant le suicide, l’automutilation ou les troubles alimentaires.


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